Caprabo
J'ai l'habitude de faire mes courses au Caprabo. C'est une supérette d'une grande chaîne où on trouve jamais ce que l'on veut, de la viande dégueulasse et ... roulement de tambour... un caissier désagréable.
Vous ne le connaissez sûrement pas (à moins d'être venu à Barcelone, d'avoir fait des courses et d'être en plus allé dans ce supermarché pendant que Monsieur Grincheux était de service; ou sinon Emilie vous a raconté sa mésaventure*). Et pourtant c'est une star, que dis-je une star, un héros con, une légende, un mythe!
Il faut dire que s'il tombe régulièrement sur des nouilles comme moi qui ne pèsent pas leur avocat (pour ma défense, en France, on ne les pèse pas), il a de quoi être blasé.
Mais parfois, les héros cons amorcent un virage dans leur vie et changent! Pour de bon, euh... peut-être pas en fait! Qu'à cela ne tienne, l'éphémérité du changement de Monsieur Grincheux en un être agréable ne m'empêche pas de vous raconter l'événement.
C'était un soir de Juin. J'avais décidé, comme à l'accoutumé, d'aller faire quelques petites courses. Oh pas grand chose! Des fraises, des yaourts, des tampa... oups! Ca ne vous intéresse pas, je suppose?
Reprenons: rêveuse, je errais entre les rayons. Ayant finalement acheté tout ce dont j'avais besoin, je me dirigeais d'un pas nonchalant vers les caisses. Ma rêverie m'emmena vers la caisse de Monsieur Grincheux. J'étais insouciante à l'époque! Avant que je ne m'en rende compte, j'étais là, près de lui, à portée de râlement donc vulnérable!! Que faire me direz-vous!? Aller à l'autre caisse bondée ou affronter son regard et sa désagréablitude (Lorie, sors de ce corps!). Ni une, ni deux, je pris mon courage et mes courses à deux mains et m'enfonça dans les ténèbres.
(Si c'est long, c'est normal. Je plante le décor puis met en place l'action et enfin le dénouement)
Je m'étais habituée à sa présence, la faute au syndome de Stockholm sans doute, quand il dégaina tel un cowboy solitaire un SOURIRE! Oui, mesdames et messieurs, un SOURIRE! Grâce à qui? deux filles qui se sont mises à rire à propos de je-ne-sais-quoi.
Ce fut furtif, fragile même -j'ai, un moment, pensé lui apporter mon aide et lui scotcher les joues au front pour que ça dure plus longtemps mais je n'avais pas de scotch. MAIS qu'importe, ce fut magnifique, grandiose, magique!
Le vie a repris son cours depuis. Quelle morale, quel dénouement à cette histoire alors?
Je ne vois que trois choses. Premièrement, toujours avoir du scotch sur soi. Deuxièment, peser ses avocats car on ne le dis jamais assez mais "Avocat non pesé, caissier blasé". Troisèmement, ne jamais oublier que derrière un Monsieur Grincheux se cache un être sensible qui ne demande qu'à être aimé et à rire. Soyons indulgents.
*La pauvre s'est faite réprimandée, à notre humble avis, par Monsieur. Heureusement pour elle, il a vite compris qu'elle ne comprenait pas l'espagnol et a abandonné sa battue. Emballé, c'est pesé!